J’ai testé pour vous : adopter une famille de monstres du Loch Ness au fond du jardin…

Je suis née à Nice, et à ma grande confusion il me faut bien reconnaître qu’il existe sur Terre au moins une courgette encore plus formidable que la « Longue de Nice »… et tout ceci par la « faute » d’un de mes lecteurs-jardiniers (bonjour Yves ! ;)), lequel a tellement insisté pour que je teste la courge « Tromboncino » que j’ai fini par l’écouter. Et le résultat a été tellement épatant que je vous devais bien ce petit retour d’expérience, le tout assorti d’une chouette recette ;).

Voici donc ce qu’il faut, à mon avis, retenir sur la « Tromboncino d’Albinga » :

1/Déjà, je l’ai trouvée selon les grainetiers sous la dénomination de « Tromboncino d’Albinga », « Tromboncino d’Albenga », « Trombocino » (sans le « n » après le 2ème « O », « Courge Trompe », « Trompa di Albenga », « Trompa d’Albenga », « Trombetta d’Albenga », « Trompette d’Albenga » et j’en oublie sûrement. Je n’ai pas la moindre idée de la bonne orthographe* alors, pour ne vexer aucun italien de la région d’Albinga (ou d’Albenga, du coup…) je vais l’appeler « Trompette » dans cet article parce que je trouve ça rigolo:).

*Heureusement que ce n’est pas une courge de la plus belle île du monde, sinon ça aurait pu faire des tas d’histoires… avec les italiens, on peut généralement s’arranger. Du moment qu’on ne met pas d’ananas dans la pizza.

2/C’est une courge coureuse, et ses lianes sont littéralement gigantesques : plantées dans mon compost, elles se sont fait la malle à plus de 6m et semblaient vouloir absolument en découdre avec les kiwaïs qui grimpaient sagement sur ma clôture… au point que les pauvres n’ont vraiment rien pas compris à ce qui leur arrivait (peut-être les kiwaïs ont-ils imprudemment dit « Salut les Albinga » au lieu de « Salut les Albenga », en tout cas ça avait l’air grave !). Très saines et vigoureuses, même à mi-ombre, les courges trompettes n’ont attrapé l’oïdium que très tard, et cela n’a même pas ralenti leur production (ni leur rage contre les kiwaïs, du reste).

3/ Les jeunes fruits d’été sont vert clair, très longs avec un renflement à un bout pour les minuscules graines -imperceptibles- et une chair ferme, jaune, non aqueuse, très légèrement acidulée. Les bébés « Trompettes » jusqu’à 35cm de long environ peuvent être cuisinés exactement comme des courgettes : à la vapeur, en tourte, à l’étouffée, en gratin, etc. c’est un régal !

4/ S’il fallait chipoter, je les trouve toutefois un chouïa moins excellents que les « Longues de Nice » (je me permets de les comparer car ce sont de proches cousines de la même famille des courges longues musquées), justement à cause de ce côté un tout petit peu acidulé alors que la « Longue de Nice » est plus sucrée. Mais ce n’est qu’une question de goût !

5/ La productivité est proprement ahurissante car les fruits qu’on laisse grossir et mûrir jusqu’à l’automne peuvent atteindre plus d’1,50m de long !

6/ Les deux pieds plantés cette année nous ont régalés de pas mal de jeunes courgettes ET de 9 gigantesques courges mûres ! Je viens de les rentrer à la maison et je suis bien heureuse qu’elles soient là car cet été frais et pluvieux n’a pas été du goût de mes autres courges (sur les 18 autres pieds plantés, je n’ai récolté que quelques potimarrons oranges ou bleus, une très grosse « Bleue de Hongrie », 5 courges-glands blanches « Thelma Sanders » , 2 gros potirons « White Boer », une « Butternut », une « Atlantic Giant », 4 ou 5 CRNI (des Citrouilles Rampantes Non Identifiées ressemées au petit bonheur la chance par quelques souris facétieuses)… et aucune « Longue de Nice » (elle boudent !).

7/ La chair de la « Trompette » cueillie à l’état de courge est orange vif, épaisse, très parfumée, un peu sucrée mais pas trop, sans le petit goût de melon de la « Longue de Nice » qui peut surprendre un peu dans les plats salés. Pour le moment, la peau est tout à fait consommable, on verra à mesure que l’hiver avancera si elle reste aussi tendre. Pour ma part, je me contente de faire cuire des morceaux de « Trompette » 15min à l’eau bouillante salée, puis je les laisser bien égoutter avant de les savourer avec un morceau de beurre frais et une persillade.

8/ Il est vraiment très agréable de pouvoir découper des morceaux de cette longue courge sans devoir l’éplucher ni se battre avec les graines vu qu’elles sont toutes réunies dans le renflement : couper une « Trompette », c’est aussi simple que de trancher un saucisson (quoiqu’un tantinet moins satisfaisant pour accompagner le Beaujolais Nouveau de ce soir, je vous l’accorde).

En toute objectivité la courge « Trompette » est donc à mon sens un peu moins bonne que la « Longue de Nice » quand on la savoure à l’état de courgette, mais meilleure à l’état de courge (moins sucrée, moins aqueuse, plus colorée, avec une peau qu’on n’est pas obligé d’éplucher). Elle a su produire -beaucoup !- malgré un été frais, pluvieux, et une situation un peu trop ombragée. C’est une envahisseuse, elle n’est pas très décorative (surtout pour ceux qui, comme moi, ont la phobie des serpents ^^) et je vous souhaite bon courage pour la ranger à la maison (si encore elle était belle…).

Malgré ses quelques mini-défauts la « Trompette » est adoptée avec enthousiasme, et va probablement rentrer dans le club très fermé des légumes que je ressème absolument chaque année…

Il suffit de quelques coups de feutre noir pour rendre la courge « Trompette » souriante… quitte à ce qu’elle nous observe toute la journée, autant qu’elle ait l’air sympa ^^

Mais venons-en maintenant à cette fameuse recette, les « Toasts du Loch Ness ».

En apercevant le titre, vous avez probablement imaginé quelque chose à base d’avoine, de haggis, de whisky, ou que sais-je encore. Or là, ça ressemble plutôt à de la pizza…

Marie Chioca se serait-elle payée notre tête ?

Pas du tout !

C’est juste que comme je vous le disais plus haut, les deux modestes pieds de « Tromboncino » ont produit plusieurs monstres de plus d’un mètre de long, avec des formes tellement biscornues qu’il nous a été impossible de les ranger comme chaque année dans l’escalier à côté des autres potirons plus « sages » et bien ronds ; nous les avons casés tant bien que mal, ils se tortillent ridiculement sur nos armoires. Sauf le plus gros spécimen, vraiment trop énorme, qui est resté sur le bar de la cuisine surplombant notre table. Et puis hier soir, une de mes filles m’a avoué, en une moue totalement hilarante, qu’elle trouvait un peu troublant de manger depuis plusieurs jours sous la « supervision » du monstre du Loch Ness…

Voilà comment, après avoir bien ri, les courges « Trompettes » se sont transformées en « courges du Loch Ness », et je pense que ce sera hélas définitif, au point qu’un témoin extérieur nous prendrait pour des fous… « Pour les toasts de ce soir, j’entame quel monstre du Loch Ness Maman ? Ah, OK, et tu préfères que je le coupe plutôt du côté du cou ou du popotin ? ».

Voilà voilà, vous savez tout. Mais de vous à moi, ces toasts du Loch Ness peuvent aussi être réalisés avec de la courge butternut ou de la « longue de Nice »… en attendant que vous adoptiez quelques courges « Trompette » au printemps prochain !

Ingrédients pour 6 à 8 personnes (en apéro), ou 4 (en plat principal avec une salade ou du riz)

Préparation : 10min

Cuisson : quelques minutes par poêlée

  • Environ 25cm de courge « Trompette »
  • 200g de sauce tomate
  • 6 tranches de jambon
  • Environ 100g de fromage découpé en lamelles ou en petits cubes (j’ai mis de la tomme de brebis)
  • Quelques olives noires
  • Un peu d’origan
  • Sel, poivre, huile d’olive pour la poêle.

Découper la courge en tranches d’environ 1cm, puis faire chauffer un peu d’huile dans une grande poêle.

Déposer les tranches, les faire dorer quelques minutes sur la première face (en posant un couvercle sur la poêle), les saler, les poivrer puis les retourner.

Déposer une cuillerée de sauce tomate sur chaque « toast », un petit morceau de jambon, du fromage, une olive et une pincée d’origan.

Poser le couvercle et laisser cuire encore quelques minutes à feu doux, le temps que les tranches de courges soient tendres et que le fromage ait fondu.

Servir chaud, tiède ou froid, vraiment au choix !

Sur cette photo prise cet été, ma plus jeune fille porte une courge trompette en guise de torque ^^
Sur ce sourire de courge « Trompette », je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel article un peu moins farfelu ^^

Toc ! Toc ! Voilà les news...

Toc Toc ! Voilà les news

Insérez votre adresse électronique pour être tenu au courant des dernières nouvelles

Nous ne spammons pas !
Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Laisser un commentaire

21 réflexions au sujet de “J’ai testé pour vous : adopter une famille de monstres du Loch Ness au fond du jardin…”

  1. Tromboncino… trombocino… ou autre , merci pour cette petite lecture du soir qui amène le sourire. Merci… et merci aussi pour la recette de Trombopizza… je vais tester très vite… au butternut !(mais promis, l’année prochaine je vais me metttre en quête du Loch Ness pour mon potager )

    Répondre
  2. Bonne idée les courges « Nessie » : je les adopterai l’an prochain et en attendant déclinerai la recette avec mes autres cucurbitacées ! J’ai une panoplie de pâtissons à décliner de toutes les façons ! Belle soirée et merci pour cette nouvelle recette.

    Répondre
  3. Coucou Marie
    Oh là là vraiment très belle cette courge un peu « étrange » mais qui a l’air bien bonne.
    Merci pour ces bonnes idées de recettes faciles et savoureuses.
    Toujours ton humour que j’aime.
    Toujours un plaisir de te lire.
    Bon week-end.
    Tu as sûrement de la neige dans ta forêt et dans ta vallée.
    Je t’embrasse très fort.
    Jacqueline

    Répondre
    • Oh, c’est juste un tout petit peu saupoudré, et presque entièrement fondu ce soir, hélas ^^
      Bon week-end chère Jacqueline !
      Marie

      Répondre
  4. coucou Marie,

    Merci pour cet article et cette découverte de cette fameuse courge trompette.
    Vu que j’ai beaucoup d’ombre chez moi l’été, je testerai sans doute l’an prochain dans l’espoir que les pieds me donnent de belles courges et aussi nombreuses que toi.
    c’est déjà chouette toutes les courges que tu as eu cette année, moi, le total est vite fait 0 sur tous mes pieds et surtout à cause de mes poulettes qui ont réussi à passer de l’autre côté de la barrière pour les décapiter. J’en ai replanté plusieurs fois, mais au bout d’un moment, j’ai laissé tomber. Je verrais l’an prochain et j’ai tout l’hiver pour réfléchir comment mieux protéger mes planches de culture de courges.
    Profite bien de toutes tes courges et déguste les bien.
    MErci pour ta recette que je vais tester ce soir puisque j’ai du fromage de chèvre de ma chevrière du village. 🙂 J4ai trouvé mon repas de ce soir.

    as tu eu de la neige?
    bon week-end Marie et à tout bientôt

    bises

    Répondre
    • C’est vrai que cette année, beaucoup de jardiniers se plaignent d’avoir eu très peu de courges… si en plus tes poules s’y mettent, c’est la cata ^^
      Oui, j’ai eu un tout petit peu de neige, pas assez à mon goût 😉
      Des bises, et bon week-end à toi Cendrillon 🙂

      Répondre
  5. Bonjour Marie. Tu en penses quoi de faire cuire les tranches au four? Je n’ai pas des monstres mais des butternuts qui feraient très bien l’affaire, merci beaucoup pour cette recette et ta façon d’écrire, je ris souvent en lisant tes articles.

    Répondre
  6. Adorable cette jeune fille avec cette courge ludique. Pas enbie de la couper tellement elle est mignonne. Une super idée de lui avoir donné ce petit air coquin. Merci pour cette recette gourmande. Bises chère Marie

    Répondre
    • La jeune fille en question trouvait la famille de courges bien lourde pour ses épaules ^^
      Merci pour ce si gentil message Jackie, et bon week-end à toi !

      Répondre
  7. Chère Marie,
    C’est toujours un petit moment de plaisir quand je lis tes articles ! J’ai moi aussi très envie d’adopter une famille de monstres du Loch Ness (en plus je rêve d’y aller !) au printemps prochain. En espérant que le jardin soit moins boudeur que cette année, 8 plants de potimarron faits avec amour par mes blanches mains (terreuses tout de même les mains), et une récolte qui frôle le néant, deux petits spécimens (tout petits petits petits) ont daigné pointer le bout de leur nez. Heureusement qu’il y a de bons maraîchers dans le coin ! Pour le moment le jardin ne ressemble pas à une rizière, j’ai même fini de préparer mes carrés (qui sont de grands rectangles) cet aprem, alors que l’an passé je n’avais pas pu le faire, n’étant pas équipée pour la plongée. Merci encore de ce partage, tu fais vraiment partie des petits bonheurs de la vie.
    Avec toute mon amitié, et des bises !

    Répondre
    • Il ne faut pas que cela te décourage ma pauvre Caroline, car tous les jardiniers que je connais sont déçus par les courges cette année… j’espère que le millésime 2015 sera meilleur 🙂
      Des bises bien amicales aussi <3

      Répondre
  8. Je ne peux m’empêcher de sourire et même de rire chaque fois que je vous lis!
    En plus, c’est toujours instructif ! On découvre des façons de cuisiner, cultiver, jardiner, les photos sont superbes…de quoi devenir addictive à vos publications!
    Merci !!!!!!!!!!

    Répondre
  9. Bonsoir Marie, je n’aurai jamais osé tester ces jolis monstres et ton article m’a convaincue. J’ai essayé cette année la courge patidou que j’avais découvert dans ton livre et on a beaucoup aimé son goût sucré tel la patate douce. Alors testons encore 😂, au détriment de la jack o lantern énorme et moins goûteuse, je dois faire un choix sinon elles finissent dans le champ du voisin à ramper entre les épis de blé 😵‍💫. Ta recette me tente bien, c’est original. Très belle soirée 😘

    Répondre
  10. J’adore les articles « farfelus »! Celui-ci m’a donc comme les autres bien amusée et interessée aussi.
    Je vais donc essayer, si je trouve des graines, cette courge du Loch Ness !
    Et j’ai aussi été « rassurée » par votre manque de belles récoltes cette année, car tous les ans, je bave devant vos réussites et pour moi aussi cette année, zéro longue de nice, zéro potimarron, deux butternut, deux potirons et un musqué, tout ça sur une vingtaine de pieds, une catastrophe! Moi cette année c’est à cause des limaces. Je ne me réjouis pas des échecs des autres mais je me sens moins nulle de ne pas être la seule sans belle récolte.
    Merci donc pour votre article, votre recette et votre style inimitable!
    Bon week-end.

    Répondre
  11. Bonjour Marie
    Génial cette courge trompette , elle a l oeil qui frise , j adore.
    L an prochain je teste .
    Super idée de toasts et ça change un peu , je vais essayer , c est toujours un plaisir d avoir de vos nouvelles .
    A à la prochaine…..

    Répondre
  12. Coucou Marie,
    Tu me donnes furieusement envie de la planter l’année prochaine 🙂
    Pour ma part je n’ai pas trop mal réussi mes butternuts, même si très tardivement car j’ai recommencé mes semis 5 fois… du coup elles ne sont peut-être pas 100% mûres mais on les mangera vite. Je n’ai eu que deux buttercups, mais je suis si enthousiasmée par le goût que je vais quand même réitérer l’expérience.
    As-tu déjà essayé le beurre de citrouille ? J’ai trouvé la recette sur le site de Promesse de fleurs et je ne connaissais pas du tout, ça a l’air super bon, c’est une sorte de compote pommes-citrouille.
    Plein de bises ma chère Marie, c’est toujours un plaisir de te lire. Ce soir je vais essayer ta recette de brotchan roy.

    Répondre