(Petit article spécialement dédicacé aux jardiniers découragés qui se disent « pff, ça n’arrive qu’à moi »…).
1er juin.
Je me pose enfin devant mon clavier pour vous donner quelques nouvelles du potager. Ce printemps a été quelque peu chaotique, avec un mois de mars étonnement doux initiant une avancée phénoménale des cultures, puis la « baffe » d’une tempête de neige en avril (avec gelées sur plusieurs jours), le tout suivi à quelques jours d’intervalle par trois semaines de canicule (du jamais vu en mai, plus de 55°C dans la serre pourtant ouverte à tous vents, mes pieds de tomates ressemblaient à des épinards cuits) assortie d’une sécheresse mémorable. En fait, il n’est quasiment plus tombé d’eau depuis cette fameuse neige, et dans le nouveau potager il faudrait sauter à pieds joints sur la grelinette pour qu’elle daigne s’enfoncer…
Ajoutez à cela mes 3 semaines de convalescence au moment le plus « critique » (avril, quand il faut quasiment lancer toutes les cultures principales en même temps), mon peu d’énergie alors qu’il aurait ensuite fallu abattre la tâche à tours de bras, le zèle dévorant des pucerons (pas d’eau cette année = ils se jettent sur tout ce qui contient de la sève), l’armada de rats taupiers qui a décidé d’investir mon potager, une autre armada de limaces qui s’aiguise les mandibules en attendant la première pluie, des canards coureurs qui ont piétiné mes semis avec leurs petites palmes (et dévorés mes plants de choux rouges, ça ne ressemble pourtant pas à des limaces que je sache !) et vous comprendrez que tout n’est pas tout vert (j’allais écrire « tout rose », mais pour un potager ce serait quand même un peu ridicule ;)).
Et c’est là qu’il ne faut pas oublier la règle N°1 du jardinier : ne jamais baisser les bras !
Allez, c’est donc parti pour quelques petites nouvelles en vrac. Des bonnes et des moins bonnes, mais après presque 20 ans de jardinage on relativise… :

=> Cette année, les laitues n’ont jamais été si grosses… ça c’est pour le bon côté. Le 2ème effet Kiss Cool c’est qu’étant donné la sécheresse et la chaleur phénoménales de mai, elles sont toutes en train de monter en même temps. Alors chaque matin, je ramasse une brouette (oui, une brouette !) de laitues montées pour les distribuer à mes poules qui sont encore parquées dans leur enclos-volière. Et oui car à cette période de l’année, les cocottes vaquent d’habitude joyeusement à leurs occupations (se réduisant principalement à picorer) dans le verger. Mais l’herbe peine à se renouveler depuis cet hiver… faute d’eau ! Quand en mai le libre parcours ressemble à un paillasson, ça ne laisse rien présager de chouette pour la suite de l’été… Les poules restent donc au bercail, histoire de ne pas porter le coup de grâce aux quelques brins d’herbes survivants. Cela occasionne quelques petites complications (picage de plumes, crêpage de croupion et autres prises de bec, je vous en reparlerai : elles sont comme nous pendant le confinement, un peu sur les dents… enfin, si tant est que les poules aient des dents, nous sommes bien d’accord) bien qu’elles disposent pourtant d’une assez grande volière. Mais au moins, elles ne manquent absolument pas de verdure fraîche en abondance.
=>Les cebettes sont superbes, elles agrémentent nos salades chaque jour et ne souffrent absolument pas du manque d’eau. Mais la mouche de l’oignon les a trouvées. Du coup elle trouvera aussi mes poireaux en juillet je le crains… la bataille sera rude, car je ne me casse pas le dos à planter chaque été des centaines de poireaux pour repaître des imbéciles de vermisseaux même pas reconnaissants !
=>Autre calamité, les limaces. Mais ça, c’est récurrent… je dirais qu’elles sont peut-être même un peu moins présentes cette année mais le petit GPS planqué dans leurs antennes les a menées tout droit à mes dahlias (RIP), mes concombres, mes salades et mes jeunes choux.

=>Ma petite troupe « anti-limaces » de canards coureur indiens n’est pas encore très opérationnelle. Pour le moment, les mignons se dandinent comiquement dans le potager et se baignent dans les bassines avec des petits « coincoins » attendrissants, ça me fait sourire et c’est déjà ça. Je ris nettement moins quand ils aplatissent de leurs petites palmes maladroites le rang entier de laitues fraîchement plantées, ou se couchent sans vergogne en travers de mes légumes, histoire de faire bronzette tout l’après-midi sur un petit « transat » confortable en feuilles de jeunes choux (forcément, une fois que le canard daigne bouger son popotin de là, lesdits plants ressemblent à une crêpe). Il va falloir que je réfléchisse à un dispositif anti-canards pour les plants les plus fragiles… Protéger les légumes des canards qui les protègent des limaces, ça devient un tantinet compliqué, mais on va essayer de gérer.
=>Les rats taupiers ont invité tous leurs cousins du coin pour une sorte de festival Woodstock dans mon jardin (aux cris de « Creuseur Power !», « Sous les tomettes, le carnage », « Je ne veux pas perdre ma vie à cultiver » et toutes sortes de c*nneries). Je n’en ai jamais vu autant, ils me narguent en se baladant sans vergogne entre mes orteils en plein jour, c’est pour dire s’ils sont sûrs d’eux ! Dans le potager, la situation est critique. Leur patient travail de sape a miné le sol via des centaines de galeries et l’ennemi cerne mes légumes de toutes parts, lançant chaque jour des attaques éclair dévastatrices. Beaucoup de pauvres légumes innocents restent blessés sur le sol, flétris, amputés de leurs racines. D’autres disparaissent littéralement dans les galeries, enlevés par l’ennemi qui les dévorera un peu plus loin (attention, cet article contient des scènes de violence nécessitant une autorisation parentale !).
Face aux campagnols, il y a juste une jardinière que beaucoup décrivent comme douce et sensible mais qui, au fond, sent comme des instincts de Rambo en treillis reprendre furieusement le dessus face à cette racaille des potagers (on a tous notre petit côté obscur inavouable). Alors je pose des pièges chaque soir (oui, et même hélas des pièges « vulnérants » comme on le dit si pudiquement, enfin, des pièges zigouillants quoi…) car avec les taupiers il n’y a pas d’alternative et non, je ne travaille pas des heures en plein soleil chaque semaine pour nourrir une bande de rats aux dents jaunes qui me détestent prodigieusement. Pardonnez-moi de ressentir un peu plus d’amour et d’intérêt pour mes enfants, au point d’avoir l’outrecouidance de leur donner la priorité sur les légumes que je cultive. Il y a aura sûrement des anti-spécistes pour protester, me trouver abominable, pour tenter de me faire culpabiliser en expliquant que c’est de ma faute parce que je n’ai pas assez de chouettes, de serpents et de renards dans mon jardin (pardon d’être aussi ignare, mais où puis-je adopter les 48 serpents, 8 renards et 32 éperviers nécessaires à la régulation des 845 campagnols qui sont en train de se reproduire sous le sol de mon jardin ? Merci pour l’info. Et heu, d’ailleurs, juste pour savoir -pas pour faire du mauvais esprit-, j’aurais une autre question… : en quoi cela serait-il plus « éthique » et moins « cruel » pour les rats taupiers d’être avalé tout cru par une couleuvre, dévoré vivant dans le terrier d’un renard ou le nid d’un rapace plutôt que d’être assommé sur le coup par un piège qui ne leur laissera même pas le temps de comprendre ce qui arrive ?). Bref, la bagarre est rude… et pas très joyeuse car croyez-moi, ça ne me réjouit pas. Non, je ne suis pas cruelle. Et quand je dégage d’un piège la dépouille d’un rat, le sentiment de victoire est mitigé d’un peu de pitié pour l’ennemi vaincu. Mais beaucoup de jardiniers très respectueux de la Vie en sont arrivés comme moi à cette conclusion que l’on peut presque tout réguler naturellement dans un jardin riche en biodiversité, sauf les rats taupiers… pour eux on n’a pas encore trouvé de solution « non vulnérante » qui soit efficace ! (oui parce que l’infusion de sureau, le pipi humain ou les crottes du chien dans les galeries, la fritillaire impériale, le tourteau de ricin et autre artillerie de carnaval, mes rats taupiers ça les fait rire, et à la sortie de leur motte de terre ils s’aspergeant même les aisselles d’after shave « Sureau/pipi/ricin » pour me montrer à quel point ils s’en fout*nt…). Juste pour l’anecdote, et pour ceux qui trouvent encore que j’exagère de ne pas vouloir « partager » avec les campagnols : j’ai planté en mars 45 topinambours (un carré gigantesque, pour s’en régaler tout l’hiver prochain) et seuls 8 plants ont levé. Après inspection on s’est aperçu que le carré de topinambours est totalement miné de galeries, et après ce réveillon printanier les rats se rabattent maintenant vers mes patates, les racines de mes jeunes fruitiers, les carottes et tout ce qui pousse au potager. C’est pour dire comme l’heure est grave…
=>Nous avons installé une nouvelle serre (ça je vous en reparlerai plus tard ;)) pour avoir le bonheur de savourer des tomates plus tôt. Sauf que début mai il y a fait si chaud (au moins 55°C, mais je ne peux pas être plus précise car le thermomètre de la serre ne monte pas plus haut) que les plants n’ont pas encore produit de fruits. Il faut dire qu’au-delà de 35°C les tomates peinent un peu à fructifier car on dit que la fleur « coule »… Patience. Nous aurons des tomates mi-juillet, comme les autres années, quand celles qui ont été plantées dehors auront pris leur temps et que celles de la serre auront été réanimées ^^.

=>La culture des fèves a été une vraie réussite ! Par contre, elles sont littéralement couvertes de colonies de pucerons (j’ai bien des coccinelles mais elles sont débordées), on les sent s’écraser sous nos doigts (les pucerons, pas les coccinelles) lors de la récolte des gousses et ce n’est vraiment pas très jojo. Mais beaucoup de jardiniers témoignent du fait que cette année est particulièrement « puceronnée ». Notez que je ne fais rien contre les pucerons -même quand il y a en a beaucoup- car eux affaiblissent certes un peu les cultures mais acceptent quand même de partager les récoltes…
=>Les quelques patates nouvelles que les campagnols daignent me laisser tant ils sont occupés ailleurs sont sublimes. Ce sont des « Amandine », une variété que j’aime beaucoup, et on s’en fait des ventrées en récoltant nos futures poêlées au fur et à mesure. Commencer sa recette par « Aller chercher sa fourche bêche… » c’est vraiment chouette ;). La récolte des patates a quelque chose d’enfantin et joyeux, un peu comme la chasse aux œufs de Pâques ^^.
=>Pois gourmands, pois croquants, laitues, mesclun, épinards, blettes, persil, cebettes, aillet, carottes… tout cela fait chaque jour notre bonheur et cède, à mesure des récoltes, la place aux cultures d’été. Semis de carottes d’hiver, de panais, de fenouil, de scorsonère, de persil tubéreux, plantation de céleris, de choux, de poivrons, de tomates, de physalis (que je tente cette année pour la première fois suite à un commentaire laissé sur ce blog par un jardinier enthousiaste), de kiwanos (mais que serait donc un potager sans qu’on y cultive parfois des trucs loufoques ^^), de cardons, de courgettes (première fleur femelle aujourd’hui !), d’arroche, de potirons (cette année je teste trois nouvelles variétés dont le Vert Olive, le Jaune de Paris et l’Hokkaïdo) ont bien occupé mes dernières semaines… 😉
=>Il ne reste plus qu’à attendre la fin des salades, des pois et des fèves, leur remplacement par des poireaux, fenouils, choux chinois, chicorées, etc., l’installation de l’arrosage par tuyaux micro-poreux et le paillage. Après ça, le plus gros sera en place avant l’été, je pousserai un petit soupir de soulagement… et peut-être même commencerai-je à déplier mon transat sous le cerisier du potager. J’ai dit « peut-être » ^^.
Car je demande bien quelle tuile va encore me tomber sur le coin de la grelinette 😉
Des piérides?
Du mildiou?
De l’oïdium?
De la grêle?
La teigne et la mouche du poireau?
La septorise du céleri?
Le bothrytis du basilic?
Sûrement un petit cocktail de tout ça… ^^ Mais les récoltes seront malgré tout au rendez-vous, pourvu de ne jamais baisser les bras… 😉





Merci pour vos news jardin c’est que du bonheur
C’est moi qui vous remercie pour ce petit mot Nadia 🙂
Bonjour marie!
Ce post date mais voilà que j’ai besoin d’aide, qu’à mon tour je dois faire face aux rats taupiers.
Ils ne sont pas encore au potager mais dans mon « champs » (une parcelle de 4000m2 avec des arbres divers et de jeunes fruitiers plantés l’automne dernier). Cela étant si j’ai repéré leurs mottes sur cette parcelle, ces dernières se trouvent à tout juste 10-15m du potager et de mes premiers rangs de légumes. J’angoisse beaucoup. C’est idiot peut-être…Mais cette année j’ai dû faire face à des ennuis de santé que j’ai tenté d’oublier en me consacrant à mon jardin potager (un peu grâce à vous car je me suis mise à rêver en voyant le vôtre). J’y ai mis mon coeur, j’ai fait de mon mieux et chaque matin, quand je me lève à 5h00, mon petit bonheur c’est d’aller boire mon café dehors en le couvant du regard (le jardin hein…pas mon café!)…puis d’enfiler mes bottes pour le rejoindre et parler à mes plants de légumes comme s’ils pouvaient m’entendre (mais ils m’entendent voyons!!! C’est sûr!!). Bref…depuis que j’ai repéré ces mottes de campagnols j’ai la boule au ventre…j’angoisse de tout perdre…J’ai acheté des sachets d’appât mais nouille comme je suis je ne sais pas comment les utiliser, où les placer (je ne vois pas d’entrée de galerie dans les mottes). Est-ce que vous en avez déjà utilisés? J’ai bien un piège mais je n’ose pas le mettre dehors avec un sachet d’appât à l’intérieur parce que les jeunes hérissons sont suffisamment petits pour pénétrer dans ce piège et je ne supporterais pas qu’il en meurt un dedans par ma faute. Je ne sais pas quoi faire…et trop peur de mal agir. Merci de vos lumières!
Bonjour Marie, je suis en moyenne montagne côté Ardèche, et nous avons également la joie et le privilège d’être envahis par les campagnols.
Je n’ai trouve qu’un moyen de limiter les dégâts sans y passer toute mon énergie : le grillage à poule 13mm dont je tapisse les planches du culture. Je cultive au-dessus, et eux restent en dessous. J’ai fait aussi des paniers pour les jeunes arbres fruitiers… Bon courage ! Marie
Et oui Marie, il y a effectivement ce système dub grillage mais c’est presque impossible à mettre en place dans un jardin de 1500M2, c’est le souci…
Quelle poisse ces campagnols ^^
C’est toujours aussi agréable de vous suivre. Une vraie fan.
Merci beaucoup, je suis très touchée 🙂
Bonne soirée à vous !
Marie
Merci Marie, je rattrape les articles et c’est toujours un plaisir de te lire.
J’ai de beaux et très joyeux souvenirs de ramassage de patates entre cousins. Nous les déterrions et les lancions au bout du champ. Je ne me souviens plus si elles étaient encore en bon état… 😀
Des bises Marie
Pauvres patates ^^
Pour la conservation, ce n’était pas top de faire du « jeté de patates » 😉
Cette année ma petite fille de 2 ans m’a « aidée » à ramasser les potimarrons et maintenant ils sont pleins de petites cicatrices ^^
Des bises,
Marie
Bonjour Maria,
Suis ravie de lire votre dernier article d’août 2022 et j’avoue que ça me donne la pêche car de temps en temps j’ai un coup de mou au jardin surtout quand il y a eu les grosses chaleurs de cet été.
J’ai pratiqué pour la 1ère fois une culture en lasagne sur un rang grâce à vous et grâce à cette toute nouvelle façon de cultiver le potager pour moi, j’ai eu de belles récoltes de légumes.
je viens de préparer une autre partie de mon petit potager en permaculture pour les plantation du printemps prochain.
J’ai hâte de lire votre prochain article sur vos travaux et récoltes d’automne/hiver.
Alors merci encore et à bientôt. Astrid
Merci Astrid, je te souhaite beaucoup de réussite dans ton petit potager 🙂
Bon week-end 🙂
Marie
Boujour Marie, c’est toujours un plaisir de vous lire, vous ecrivez tellement bien 🙂
45 topinambours? Vous devez surement avoir une astuce pour qu’ils ne fassent pas mal au ventre? Chez moi nous aimons beaucoup le gout mais malheureusement nous avons du mal a en manger plus que très occasionellement…
Bonne continuation
Comme toujours j’ai déjà hate de lire le prochain article!
En fait, ça dépend vraiment des gens. Un médecin m’a un jour expliqué que le fait d’avoir des ballonnements après avoir mangé des topinambours serait une preuve que notre microbiote n’est pas assez équilibré. Il paraît qu’il faudrait persévérer à en manger car ils nourrissent les « bonnes » bactéries de nos intestins. Et le jour où on les digère bien, bingo, c’est que tout va bien dans notre petit ventre. Mais il ne faut pas en manger beaucoup d’un coup…
Bonne soirée Audrey,
Marie