Délicieux « thés » du jardin… pour ne plus les acheter en sachets !

Il y a quelques temps, j’ai vu passer une information « choc » selon laquelle les sachets à infuser libèreraient des milliards de nanoparticules plastiques dans chaque tasse…

De mon côté, j’ai continué à boire un peu de thé ou de tisanes en sachets car je fais confiance à la qualité des marques bio et françaises que j’achète, et de plus cela fait belle lurette que je ne me laisse plus trop impressionner par ce genre de gros titres. Sans un minimum de recul, on finit par ne plus rien oser manger.

Ni boire ^^.

D’autant plus que si l’on creuse un peu, cette info ne concerne pas toutes les sortes de sachets, mais uniquement ceux contenant du nylon, du PET ou de la cellulose : les grands titres font souvent hélas volontairement des raccourcis, afin de créer du buzz…

Mais il y a aussi la question…

– des infusettes papier blanchies au chlore;

– des tisanes parfois contaminées par des mycotoxines;

–  du fait que les infusions séchées et réduites en poudre perdent très vite de leur saveur, voire de leurs propriétés ;

– et enfin que ces sachets sont souvent un budget totalement inutile si l’on dispose d’un jardin 🙂

Alors, si ces tisanes nous les cultivions ? D’autant plus qu’elles sont pour la plupart des plantes robustes, pouvant même se contenter d’une potée sur un coin de balcon. Enfin, suprême argument… cela ouvre à nos papilles tout un monde d’arômes insoupçonnés !

Mais déjà, connaissez-vous la différence entre une infusion et une tisane ? L’infusion, c’est le geste consistant à faire tremper des plantes dans de l’eau bouillante pour en extraire le goût. La tisane, c’est quand cette infusion a des propriétés médicinales.

Il existe une infinité de plantes pouvant être infusées, mais je reviendrai sur leurs propriétés médicinales dans un autre article, en me faisant épauler par le témoignage d’un « expert ». Dès lors qu’on évoque la santé, même naturelle, il faut savoir rester prudents.

Aujourd’hui, j’avais juste envie d’évoquer avec vous les plantes que je trouve vraiment délicieuses en infusion, celles que l’on boit avec un réel plaisir et qui peuvent même faire un peu la différence sur notre qualité de vie…

Car imaginez deux scénarios.

Scénario N° 1 : C’est le matin. Je descends dans la cuisine avec un air parfaitement ahuri. Machinalement, je trempe dans ma tasse un sachet de thé ou de tisane plus ou moins éventé, aux feuilles séchées depuis belle lurette, réduites en poudre : elles vont exhaler dans l’eau leur peu d’arôme tel le dernier soupir d’un moribond. Avec ou sans option nanoparticules de plastique, de toute façon je vais boire sans bien y penser un truc non pas au goût de foin (le foin, ça peut sentir bon) mais de papier mâché, vaguement amer. Berk, la prochaine fois je me ferai un café…

Scénario N°2 : c’est toujours le matin, je descends dans la cuisine avec un air tout aussi parfaitement ahuri sauf que là, au lieu de plonger la tête dans un placard sombre à la recherche des sachets de tisane je vais plutôt ouvrir grand la porte et sortir dans le jardin. C’est le matin, tout sent bon, dehors c’est le concert des oiseaux. Je vais faire quelques pas et choisir, dans mon « massif à tisanes », quelle jolie petite plante encore toute fraiche de rosée va aller faire trempette dans mon mug. Est-ce que ce sera un brin de menthe bergamote, d’agastache, de monarde, de mélisse aux arômes enchanteurs ? Vais-je plutôt opter pour une branchette de thym frais pour profiter de son effet tonique, ou de romarin en fleurs ? J’ai « perdu » une minute, mais déjà, la journée commence tellement mieux… et que dire lorsque les effluves s’échappant du mug viendront parfumer toute la cuisine !

Je ne sais pas pour vous, mais moi j’aime mieux ce deuxième scénario 😉

Je cultive des plantes à tisanes depuis 20 ans, mais un peu éparpillées aux quatre coins du jardin et résultat tout le monde les oubliait ! (sauf les abeilles).

Cela faisait donc un moment que je gambergeais sur l’idée de créer un massif de « simples » inspiré des jardins médiévaux… si possible au plus proche de la maison afin de ne pas être obligée de patauger dans la rosée en pantoufles tous les matins !

Mon époux a donc réalisé au printemps 2024 un plessis tout autour du murier platane de la cour en utilisant, devinez quoi ? Les longues branches du mûrier qu’il venait de tailler (rien ne se perd !).

J’ai rempli l’intérieur du plessis avec diverses ressources de biomasses si abondantes au printemps (broyat de fins rameaux bien verts après la floraison des lilas, litière d’animaux issue des grands nettoyages du poulailler, tontes, désherbage, etc.) afin de créer une sorte de lasagne bien accueillante pour les futurs plants malgré la concurrence des racines de mûrier.

J’ai ensuite installé tout un panel de variétés à tisanes dont les saveurs me séduisent particulièrement : menthe-bergamote (aux jolies fleurs violettes et délicieux parfum de thé « Earl Grey »), menthe-poivrée, menthe-verte, menthe-chocolat, sauge-ananas, monarde-bergamote rose (au parfum à la fois un peu mentholé et hespéridé), dracocéphale de Moldavie (difficile de décrire la saveur de ses inflorescences, mais c’est très addictif !), aspérule odorante (dont les fleurs une fois séchées évoquent la vanille), agastache « Blue Fortune » (aux belles fleurs bleues et saveur délicatement anisée), stévia (pour « sucrer » les tisanes et leur apporter une petite note réglissée), verveine citronnelle, mélisse, fenouil sauvage…

Pour la beauté du massif mais aussi des infusions – car je trouve si poétique d’ajouter quelques pétales colorés et comestibles dans la théière ! -, j’ai planté un pélargonium rosat, un cosmos, un bleuet, deux dahlias et un pied de mauve (laquelle présente aussi des propriétés médicinales très adoucissantes pour la gorge et les voix digestives).

Durant toute la belle saison (de mai à novembre !), nous avons cueilli chaque matin notre « thé » du petit déjeuner à deux pas de la cuisine, en combinant à chaque fois des plantes différentes pour varier les saveurs. C’est tellement plus agréable, plus sain, plus économique que d’acheter des sachets tout prêts…

Si je devais faire le point : toutes les plantes ont bien prospéré malgré la mi-ombre imposée par la ramure mais, comme je l’ai écrit dans mon livre « L’art du Foodscaping » que certains d’entre vous connaissent déjà :)- ce sont les dahlias qui, atteignant leur pleine envergure courant août, ont fait le plus de dégâts en s’affalant bêtement sur certaines plantes à tisane…

Cette année, ils sont donc allés faire les guignols dans un autre coin du jardin 😉

La stévia, la menthe-chocolat, la menthe-fraise, la sauge-ananas et un des deux pieds de verveine n’ont pas survécus à l’hiver, et je viens donc de les replanter. Toute la famille pioche à nouveau dans ce joli « massif des tisanes » au petit-déjeuner, au goûter et même le soir (la fameuse tisane « nuit tranquille » qui nous fait courir aux toilettes à 23H, 2H et 5H… chacun sa vision de la tranquilité ^^).

Mais il y a d’autres plantes très intéressantes pour les infusions un peu plus loin dans mon jardin, et peut-être les avez-vous déjà chez vous sans même savoir qu’elles peuvent se consommer? Je vous ai donc fait une petite liste de tout ce qui peut s’infuser chez moi ^^ (liste que j’espère exhaustive, mais j’ai dû oublier des tas de choses). Vous avez même, en bonus, un tableau mémo que vous pouvez télécharger et éventuellement imprimer.

Sur ce, je vais aller me faire une tasse de feuilles de cassis 😉

PS : et toutes ces infusions, ça marche aussi en version glacée pour l’été !

Agastache (fleurs et feuilles)

Belle vivace vraiment très ornementale, résistante à la sécheresse, aux grandes inflorescences bleues, roses, mauves, blanches (ou même abricot selon les cultivars). Elle présente une saveur à la fois un peu anisée, mentholée et réglissée, complexe, originale, absolument délicieuse.

Agrumes (feuilles, fleurs et écorces)

Tout peut se faire infuser dans l’agrume, que ce soit les feuilles, les fleurs (sublimement parfumées, mais c’est un peu dommage de les récolter car on sacrifie un fruit par fleur), et évidemment l’écorce des fruits. Je cultive plusieurs agrumes rustiques en pots (mandariniers, kumquats, orangers, citranges…), et le zeste de ces fruits totalement bio du jardin n’est jamais jeté : J’en fais des tisane, des gâteaux… et même une sorte de « grand-marnier » maison ^^

Aspérule odorante (fleurs)

Cette ravissante vivace tapissante produit en mai/juin d’innombrables petites fleurs blanches en étoiles, qui ne développent leur parfum de vanille qu’une fois séchées.

Cassis (feuilles)

Les feuilles de cassissiers produisent une infusion au parfum vraiment unique, très savoureuse, évoquant un peu l’arôme du fruit.

Dracocéphale de Moldavie (fleurs et feuilles)

Appelé aussi « thé des jardins », cette superbe fleur bleue développe en infusion une saveur à la fois citronnée et balsamique, originale, délicieuse.

Fenouil sauvage (fleurs et feuilles)

Pour les fans de l’anisette… dont je ne fais pas partie ^^

Hysope (fleurs et feuilles)

Cette sublime vivace aux fleurs d’un bleu profond produit une tisane bleutée aux saveurs évoquant un peu la menthe et la sauge.

Lavande, lavandin (fleurs)

Les fleurs de lavande fraîches sont très fines en tisane avec un peu de miel, à condition d’avoir la main légère sur la quantité de fleurs mais aussi sur le temps d’infusion… pour ne pas avoir l’impression de boire de la lessive ! L’idéal, c’est 3 fleurs fraîches laissées infusées 3 min dans un mug de 25cl, en ajoutant un peu de miel. Ça vous fait une tisane d’un incroyable vert canard, sans la moindre amertume, avec un de ces parfums…

Mauve, guimauve (fleurs et feuilles)

Pas très parfumée (le thé ne l’est pas tellement non plus ;)), mais agréable à boire, panachée avec d’autres plantes plus goûteuses éventuellement.

Mélisse (fleurs et feuilles)

LA plante à avoir dans son jardin : son parfum très délicat et enchanteur nécessite un temps d’infusion assez court, sans ébullition. Sublime en association avec de la menthe, la mélisse est une panacée puisqu’elle soigne à la fois les problèmes nerveux et intestinaux. Mais on avait dit que de ça, on en parlerait une prochaine fois ;). Pour ce qui est des conditions de culture, vous devez savoir que si vous invitez un pied de mélisse au jardin il fera des petits un peu partout… ça fait partie de son charme 🙂

Menthe-bergamote (fleurs et feuilles)

Ma menthe préférée ! Avec un petit côté « thé Earl Grey » délicieux dans la tasse, mais aussi de belles feuilles un peu pourpres et des fleurs mauves toutes rondes qui font de cette menthe très rustique une véritable vivace ornementale au jardin. Résistant à tout, elle tient compagnie à mes rosiers anglais depuis 10 ans, sans arrosage, ni engrais, ni quoi que ce soit d’autre que mes sincères sentiments d’amitié ^^

Menthe-chocolat (fleurs et feuilles)

Saveur délicieuse, mais un peu difficile à cultiver : chez moi je dois la replanter presque tous les ans…

Menthe fraise (fleurs et feuilles)

Idem menthe-chocolat

Menthe poivrée (fleurs et feuilles)

Idem menthe-chocolat

Monarde (fleurs et feuilles)

Une belle oubliée qui, selon les cultivars, peut présenter de discrètes saveurs plus ou moins citronnées, mentholées ou « bergamotées » ^^. La monarde produit en outre de très belles fleurs soit mauves, soit roses, soit rouges. Attention, certaines monardes sont plus sensibles que d’autres aux maladies.

Mûrier, framboisier, fraisier, roncier

Les feuilles de ces fruitiers sont comestibles, de goût agréable bien que peu parfumé. Leur discrétion et leur légère astringence les fait beaucoup ressembler au thé sans ses inconvénients, et leurs propriétés santé sont immenses (oui oui, on en parle bientôt ;))

Origan, sarriette, marjolaine (fleurs et feuilles)

Plus à l’aise sur une pizza qu’en tisane, mais on peut malgré tout les apprécier en boisson chaude avec une touche de miel.

Ortie (feuilles)

Saveur délicieuse (et propriétés médicinales inouïes, bien que ce ne soit pas le sujet ici), mais évoquant un peu le haricot vert… en boisson, l’association avec la menthe est donc parfaite !

Astuce : la feuille fraîche d’ortie mixée avec un peu de menthe, de miel et du lait au choix est une alternative locale et délicieuse au matcha latte.

Romarin (fleurs et feuilles)

Une vraie valeur sûre, à ne pas laisser infuser trop longtemps pour éviter les petites notes d’amertume.

Sapin (aiguilles, jeunes pousses)

Pour des tisanes hivernales ou printanières très agréables, un peu acidulées, évoquant la senteur balsamique des forêts.

Sauge (fleurs et feuilles)

Trois feuilles dans une grande tasse, pas plus, tant cette plante est aromatique…

Sauge-ananas (fleurs et feuilles)

Une petite saveur d’ananas, mais très discrète et qui se sent davantage en froissant les feuilles entre ses doigts plutôt que dans la tasse.

Stévia (fleurs et feuilles)

Pour « sucrer » les tisanes d’autres plantes.

Sureau (fleurs)

Une infusion florale, parfumée et originale, quoique la variété de sureau ait son importance (certains sureaux comestibles produisent en effet des fleurs ayant un arrière-goût évoquant les chaussettes après une randonnée…).

Thyms et serpolets (fleurs et feuilles)

Il existe tellement de sortes de thyms ! Toutes sont excellentes en tisane, même si les naturopathes insistent souvent sur l’importance de ne pas dépasser 3 semaines de cure.

Tilleul (fleurs)

Quelle saveur… florale, miellée, gourmande à souhait ! Oubliez le tilleul éventé en sachets : les tisanes de tilleul du jardin sont uniques.

Verveine citronnelle (fleurs et feuilles)

Probablement la plus gourmande des infusions ! Cette jolie plante ne survit toutefois pas toujours aux hivers un peu rudes.

Et enfin, voici le tableau des plantes à tisane de mon jardin avec quelques infos importantes (vivace ou annuelle, plante méllifère ou non, partie utilisée en tisane, qualités médicinales ou pas, intérêt ornemental). À télécharger gratuitement 🙂

Rien à voir avec les plantes à tisanes, mais je vous remets aussi ici une petite vidéo tournée ces derniers jours dans mon jardin… pour ceux d’entre vous qui vivent heureux loin des réseaux 🙂