J’ai beaucoup hésité entre poster cette recette sur mon blog de cuisine (Saines Gourmandises) ou celui de jardin. Mais voyant la taille de mes blettes en ce moment au potager, je me suis dit qu’il y aurait probablement pas mal de jardiniers en train de se gratter la tête d’un air perplexe, se demandant que faire avec toutes ces feuilles 😉 .
Cette recette n’est certes pas la plus « express » de mon répertoire, mais elle m’est particulièrement sympathique : à la fois par son histoire (elle me vient de la famille italienne de mon mari, c’était la recette « signature » de Mémé Lucie, son arrière-grand-mère), et aussi par son côté tellement gourmand !
Les quiques sont en effet des pâtes fraîches (or qui n’aime pas les pâtes fraîches ^^), mais très simplifiées : nul besoin d’utiliser de robot pétrisseur et de lamineuse à pâtes : pour régaler votre famille avec un grand plat de quiques pour 6 personnes, il vous suffira d’un couteau hachoir, de vos mains, et d’environ 30min de temps libre.

Ce fameux temps de préparation peut d’ailleurs être considérablement réduit pour peu que vous fassiez appel aux bonnes volontés, ce qui est de surcroît beaucoup plus convivial : on roule les quiques, on papote, on rigole, et nous voilà tout de suite propulsés quelques décennies en arrière, quand les gens prenaient encore le temps de vivre : écosser les petits pois, faire des pâtes fraîches, pétrir son pain… tous ces gestes ancestraux, nos anciens les renouvelaient avec application mais sans ce stress moderne qui nous mine, qui nous presse, qui nous pousse à tout faire très vite, un peu n’importe comment… les quiques, c’est très « slow life » en fait 🙂
J’ai beaucoup savouré le moment où la sœur de mon mari dévoila à mes filles comment perpétuer les gestes de leur arrière-arrière-grand-mère : elles ont roulé les quiques sur la table du jardin, en tchatchant sans répit (mes enfants sont de véritables moulins à parole ^^… et juste histoire que nous ne m’imaginiez pas en mère indigne, sachez que pendant ce temps je ne me prélassais pas dans une chaise longue : j’étais en train de filmer la scène pour vous 😉 .

Internet étant hélas hanté de vengeurs masqués tout palpitants d’exaltation à l’idée d’accomplir la « mission » dont ils se sentent investis (laquelle consiste à abattre leur montagne d’indignation sur le pauvre hère qu’ils prendraient en flagrant délit de « profanation » d’une recette que leur mémé à eux ne faisaient pas comme ça), je me permets une prudente précision avec de continuer 😉 : oui, je SAIS qu’il existe aussi des quiques traditionnelles dans l’arrière-pays niçois et mentonnais. Dans la vallée de la Roya, plus exactement. On les appelle « quiques de Saorge » ou « quiques de Breil », et étant donné que toute une partie de ma famille réside dans cette même vallée, je suis bien placée pour être au courant… ces quiques-là sont délicieuses aussi : leur pâte est faite d’un savoureux mélange d’herbes (blettes locales sans cardes de la variété « de Nice à couper » mais aussi persil, bourrache, ail sauvage…), puis étalée finement avant d’être découpée un peu comme des tagliatelles.
Avec cet article je ne cherche donc pas à attenter aux inénarrables quiques de la Roya ^^, mais tout simplement à vous donner la recette de Mémé Lucie, l’aïeule venue d’Italie… laquelle faisait ses quiques exactement comme je vous le décris ci-dessous.
Or vous comprendrez bien que modifier -ne serait-ce que d’un iota !- la recette « signature » d’une arrière-grand-mère de la belle-famille juste pour éviter de se faire enguirlander sur son blog, ça ne se fait pas ^^
Régalez-vous bien !

Ingrédients pour 6 personnes
Préparation : 30min
Cuisson : 20min
- Une très grosse botte de blettes (soit 400g de vert de blettes une fois les côtes retirées)
- 400g de farine (j’utilise toujours, pour ma part, la T110 de grand épeautre non hybridé) + un peu pour fariner la planche ou rajouter dans la pâte si besoin
- 1 œuf
- 4 c. à soupe d’huile d’olive
- Gros sel (pour faire cuire)
- Huile d’olive et parmesan (pour servir)
Retirer les côtes, afin de ne conserver que le vert des blettes.
Si vous les lavez, les égoutter très soigneusement à l’essoreuse ou dans un torchon.
Hacher très finement les feuilles de blettes, puis les transférer dans un saladier. Ajouter l’œuf, l’huile et la farine, puis malaxer 5min avec les mains, le temps d’obtenir une boule de pâte verte bien homogène.
Fariner une planche, y déposer la boule, la fariner puis la pétrir encore un peu sur la planche. Elle ne doit pas coller.
Prélever une boule de pâte de la taille d’une grosse prune (ou d’une petite mandarine), puis la rouler en fin boudin sur la planche. Découper un morceau de boudin de la taille d’un demi-sucre, puis le rouler entre les paumes (voir le geste dans la vidéo) et le déposer sur la planche : et voilà, vous venez de réaliser votre première quique !
Renouveler l’opération (prélever un morceau de pâte de la taille d’une grosse prune, la rouler en fin boudin, couper un morceau de la taille d’un demi-sucre et le rouler en quique entre les paumes, etc.) jusqu’à épuisement de la pâte. Tout déposer au fur et à mesure sur une très grande planche (ou la table) farinée.
Mettre un grand faitout d’eau bien salée sur le feu.
À ébullition, y jeter les quiques et compter entre 15 et 20 min (goûtez-les pour vérifier qu’elles soient tendres) de cuisson avant de les égoutter.
Servir aussitôt avec un filet d’huile d’olive et de parmesan.
Merci pour cette recette tellement simple et bonne.
J’ai rajouté un petit bouquet d’orties dans le hachis.
A refaire
Votre jardin me fait rêver. Il paraît immense et foisonnant.
Bravo
Merci pour cette super recette, testée et validée hier soir, en suivant tout à la lettre c’était parfait !
Merci pour cette belle utilisation de nos blettes du jardin !
Une idée pour les cardes/tiges restantes ?
Merci aussi pour le reste de votre travail, ça fait rêver !
Delphine
Les cardes, je les cuisine soit en gratin (avec une béchamel sans lait à l’huile d’olive), soit tièdes, en salade. Mais j’aime mieux les feuilles ^^
Bonjour Marie, c’est toujours un immense plaisir de te lire. En regardant mes blettes devenues géantes, je me suis rappelée de cette recette qui paraît succulente.
Dès la fin de mon indigestion suite à un restaurant asiatique peu fameux, je la ferais cette recette en pensant à tes belles photos et vidéos qui sont à couper le souffle.
Mais, une petite question subsiste : Aurais-tu une ou deux petites recettes pour utiliser les côtes qui sont mises de côté dans cette recette?
J’ai déjà le livre de la boulange bio et tout soudain le livre de ton jardin. Je cherche encore le livre de cuisine qui m’inspire le plus dans tous ces merveilleux ouvrages que tu as écrits. Je les prendrais bien tous mais je crains une réaction plutôt choquée de mon mari « hihihi ».
Coucou Jade,
Oui, il ne faut pas que ton mari m’en veuille trop, alors n’achète pas les 50 bouquins d’un coup ^^
Pour ta question sur les côtes de blettes, remonte juste quelques messages plus hauts : une personne m’a posé la même question et je viens de lui répondre. Mais un jour, il faut vraiment que j’écrire un livre avec toutes mes recettes de légumes 🙂
Des bises
Je me demandais si j’allais un peu saler la pâte mais avec du parmesan, pas besoin finalement.
Nous avons beaucoup aimé ces quiques, une belle manière de manger des légumes.
Merci Marie et belle soirée.
Des bises bretonnes qui vont vite voler vers toi avec la tempête cette nuit. 😉
Coucou Totoche, j’espère que vous n’avez pas eu trop de dégâts?
Des bises, et bon week-end à toi